Publié par Paroisse de Genlis

Une lettre du Père Jean-Louis Portay, curé de nos paroisse et le commentaire des lectures de la messe.
 
Objet : Dimanche de la Miséricorde
 
Je vous demande pardon, mais c'est toujours pareil quand on a du temps
devant soi ; on le gère souvent mal et on ne fait pas toujours ce qu'on
veut, si bien que j'ai pris un peu de retard pour vous transmettre mon
commentaire sur l'évangile de ce deuxième dimanche de Pâques, dimanche de la
miséricorde.
Quelques-uns se sont inquiétés de n'avoir pas de nouvelles de ma part, mais
je vous rassure tout de suite tout va bien, ma maman aussi.
Revenons donc à l'évangile de ce dimanche. Il est d'autant plus important ce
passage de l'évangile, qu'il peut nous rappeler ce que nous vivons
actuellement. Nous vivons un temps de confinement comme les disciples de
Jésus au moment où se déroule l'action, vivent aussi un temps de confinement
; la raison en est peut être différente mais la situation est semblable. Ils
sont empêchés de sortir par peur des juifs de l'époque qui cherchent à les
faire mourir, mais peut être aussi un peu de honte pour n'avoir pas été à la
hauteur et d'avoir abandonné Jésus au moment de sa mort. Mais, nous le
voyons, rien n'empêche Jésus de nous rejoindre là où nous sommes pour nous
encourager dans notre foi.
En ce qui concerne le confinement rien n'est encore très clair et nous ne
pouvons pas encore établir un programme. Tout n'est que suppositions. Alors
attendons et espérons que nous pourrons nous revoir bientôt.
Je dis la messe tous les jours à 09h00 en n'oubliant pas de mentionner
toutes les intentions que vous aviez manifestées ou que vous me transmettez
par téléphone ou autre.
Encore bon confinement et bon dimanche
 
Père Jean-Louis

Invraisemblable !

Je me souviens être réunis à quelques-uns, pour réfléchir sur ce passage d’évangile. Et la plupart des participants exprimaient leur difficulté à croire, et particulièrement leur difficulté à croire en ces récits de la résurrection dans les quatre évangiles. Récits si disparates, et même si invraisemblables. Ainsi, dit l’un de nous, comment croire que Jésus joue les passe murailles, alors que l’évangile nous dit qu’il est ressuscité en chair et en os, et qu’on a pu, non seulement le voir, mais même le toucher. Or, il se trouve que justement, à la fin du passage d’évangile que nous venons de lire, l’apôtre Jean déclare : « Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-ci y ont été mis afin que vous croyiez » Alors, que croire ? Et comment croire ?

Problèmes de transmission

Faisons réflexion sur le geste de Thomas, qui refuse de croire. A quoi ? A la parole de ses amis. Il refuse de croire ce qu’on lui dit. Et il ne croira, dit-il, que ce qu’il voit. Mais en fait, la foi ne peut être qu’au bout de la transmission d’une parole. C’est mon père, ma mère, des prêtres, des catéchistes qui nous ont transmis quelque chose. Quelque chose qu’ils n’ont pas eux-mêmes inventé. Quelque chose qu’ils avaient eux-mêmes reçu. Et on peut remonter toute cette chaîne qu’on appelle la tradition, la transmission d’une parole vivante, pour en arriver aux premiers témoins. Cela, c’est la catéchèse. On nous a tous transmis une parole destinée à alimenter notre foi.

Quand nous étions enfants, il n’y avait pas tellement de problèmes. Je crois ce que me dit mon père, ma mère. Mais il arrive un moment – c’est nécessaire, c’est normal – où l’on se pose des questions. Où l’on se dit : est-ce qu’eux-mêmes ne se sont pas trompés ? Est-ce que tout cela, c’est bien vrai ? Et je dis : la foi, ce n’est pas le moment où l’on reçoit sans esprit critique cette parole qui nous est donnée. C'est lorsqu'on peut répondre personnellement en toute liberté, à cette parole qui nous a été transmise (d’où la profession de foi des jeunes). Là, il y a une démarche difficile. Aussi, je voudrais vous partager un des moyens – un seul, mais il y en a bien d’autres – pour arriver à une réponse personnelle dans la foi. Ne croyez pas que c’est une affaire de raisonnement. Certes, nous avons une intelligence, et c’est fait pour s’en servir. Mais ne croyez pas que la foi est au bout d’une démonstration. Il y a quand même, nécessairement, une espèce de saut dans un inconnu. J’aurais envie d’inverser la parole de Thomas. Ne pas dire : « Je ne crois que ce que je vois », mais dire : « Si tu commences par croire, après, tu verras. » C’est ce que demande Jésus : « Sois croyant, cesse d’être incrédule ».

Une démarche collective

Ce n’est donc pas une affaire d’intelligence, de raisonnement. Il y a une démarche qui est comme une espèce de saut, un choix délibéré, qui engage toute notre personnalité et notre intelligence. Or, cette démarche, je pense profondément qu’elle ne peut pas se faire individuellement. Je crois qu’elle ne peut se faire que soutenue par une communauté. Et que, de même que Thomas a été entouré par ses amis qui avaient vu le Seigneur, de même nous, il nous faut entrer dans la recherche d’une vraie communauté de croyants, pour vivre et exprimer personnellement notre foi de chrétiens.

Disant cela, je fais, bien sûr, référence à notre première lecture de ce dimanche. Trois lignes des Actes des Apôtres, trois lignes qui ont fait rêver tous les hommes de la terre. Trois lignes qui sont à la base de la recherche des grands fondateurs d’ordres religieux, de François d’Assise comme de saint Benoît. Luther lui-même a rêvé de réformer l’Eglise sur la base de ces trois lignes. Et Karl Marx lui-même y voyait la réalisation d’une société communiste idéale. Avez-vous fait attention à ces trois lignes ? « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres » : C’est le premier point. Une parole nous a été transmise. Ceux qui ont vu, qui ont été témoins de l’événement l’ont dit et redit, et plus tard l’ont écrit, pour que cela se transmette. Et il n’y a pas de foi possible sans la lecture de la parole en Eglise. Deuxièmement : « ils étaient, d’autre part, assidus à la prière et au partage du pain. » Entendez par là l’eucharistie telle que nous la célébrons. Toujours cet aspect communautaire. Mais il n’y a pas de communauté de culte s’il n’y a pas, d’abord, le partage, la mise en commun de ce qu’on est, de ce qu’on possède. Communauté de vie, d’esprit, de sentiments, de manières d’être. Et le résultat de cette communion fraternelle, c’est que, premièrement, ils étaient bien vus de tout le peuple. Combien étaient-ils ? Je ne sais pas. Peut-être une centaine. Mais les gens qui vivaient autour, dans leur quartier, dans cette petite ville de Jérusalem, trouvaient qu’ils étaient bien, ces voisins disciples de Jésus. « Regardez comme ils s’aiment ! Comme ils vivent fraternellement. » Et beaucoup désiraient entrer dans cette communauté.

Communauté fraternelle

Tout cela peut nous faire rêver. Pas d’un rêve-évasion, mais pour nous mettre en route, dans la recherche d’une communauté. Certes, il y a des difficultés aujourd’hui. Je ne les ignore pas. Il y a notre individualisme. C’est toute notre éducation actuelle. On ne nous a pas dit :« partage » (sauf au catéchisme); on nous a dit : « défends-toi ». On a appris à vivre « chacun pour soi » dans un monde dur. Quand nous étions enfants, on nous a dit : « C’est pour toi que tu travailles. » On est tous marqués par cet individualisme. On n’a pas tellement le sens communautaire. Il y a une deuxième chose. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, cela n’est pas tellement bien vu, de se dire chrétien ? Les jeunes me le disent, et les adultes aussi, de plus en plus. Un gosse me disait récemment : « Comment peut-on dire qu’on croit en Dieu sans passer pour un imbécile ? » Il n’y a qu’à entendre les réflexions d’animateurs radio ou télé… Alors comment faire pour que nous, aujourd’hui, dans notre cité, nous arrivions à faire communauté. Communauté vivante et fraternelle, communauté d’amour. Visible et bien considérée ? Basée sur l’écoute de la Parole, certes, mais aussi sur le partage.

Et déjà, pour cela, nous reconnaître comme frères, là où nous nous rencontrons, dans la rue, à l’école ou dans notre entreprise. Ne jamais passer indifférent à côté de quelqu’un qui est un frère. Car ce n’est pas ici, dans l’église qui nous rassemble chaque dimanche, que cela se joue d’abord. C’est facile, de se donner la main chaque dimanche et de se souhaiter la paix. Mais s’il n’y a rien pendant les autres jours de la semaine, tout est vain. Je sais bien tout ce qui nous sépare. Nous sommes d’idéologies différentes, nous avons des choix politiques différents. Mais il y a quelque chose de plus profond, de plus important que cela : notre foi en Jésus Christ vivant. Et croire à Jésus vivant, c’est croire à l’amour qu’il est venu vivre avec nous jusqu’à nous donner sa vie d’ici-bas pour gagner la vie éternelle. Et cette foi en Jésus Christ vivant s’exprime, non pas dans des paroles, mais dans des manières de vivre. Nos contemporains sont comme Thomas : ils ne croient que ce qu’ils voient. Mais s’il n’y a rien à voir ? Par contre, si vous les adultes, vous les jeunes, vous cherchez à faire communauté, alors, ils diront comme on disait des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ». Et ils auront envie d’entrer, pour leur bonheur personnel. Pour notre bonheur à tous. C’est tout ce que désire notre Dieu, ce Dieu miséricorde que Jean-Paul deux a voulu mettre à l’honneur en ce deuxième dimanche de Pâques.

Invraisemblable !

Je me souviens être réunis à quelques-uns, pour réfléchir sur ce passage d’évangile. Et la plupart des participants exprimaient leur difficulté à croire, et particulièrement leur difficulté à croire en ces récits de la résurrection dans les quatre évangiles. Récits si disparates, et même si invraisemblables. Ainsi, dit l’un de nous, comment croire que Jésus joue les passe murailles, alors que l’évangile nous dit qu’il est ressuscité en chair et en os, et qu’on a pu, non seulement le voir, mais même le toucher. Or, il se trouve que justement, à la fin du passage d’évangile que nous venons de lire, l’apôtre Jean déclare : « Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-ci y ont été mis afin que vous croyiez » Alors, que croire ? Et comment croire ?

Problèmes de transmission

Faisons réflexion sur le geste de Thomas, qui refuse de croire. A quoi ? A la parole de ses amis. Il refuse de croire ce qu’on lui dit. Et il ne croira, dit-il, que ce qu’il voit. Mais en fait, la foi ne peut être qu’au bout de la transmission d’une parole. C’est mon père, ma mère, des prêtres, des catéchistes qui nous ont transmis quelque chose. Quelque chose qu’ils n’ont pas eux-mêmes inventé. Quelque chose qu’ils avaient eux-mêmes reçu. Et on peut remonter toute cette chaîne qu’on appelle la tradition, la transmission d’une parole vivante, pour en arriver aux premiers témoins. Cela, c’est la catéchèse. On nous a tous transmis une parole destinée à alimenter notre foi.

Quand nous étions enfants, il n’y avait pas tellement de problèmes. Je crois ce que me dit mon père, ma mère. Mais il arrive un moment – c’est nécessaire, c’est normal – où l’on se pose des questions. Où l’on se dit : est-ce qu’eux-mêmes ne se sont pas trompés ? Est-ce que tout cela, c’est bien vrai ? Et je dis : la foi, ce n’est pas le moment où l’on reçoit sans esprit critique cette parole qui nous est donnée. C'est lorsqu'on peut répondre personnellement en toute liberté, à cette parole qui nous a été transmise (d’où la profession de foi des jeunes). Là, il y a une démarche difficile. Aussi, je voudrais vous partager un des moyens – un seul, mais il y en a bien d’autres – pour arriver à une réponse personnelle dans la foi. Ne croyez pas que c’est une affaire de raisonnement. Certes, nous avons une intelligence, et c’est fait pour s’en servir. Mais ne croyez pas que la foi est au bout d’une démonstration. Il y a quand même, nécessairement, une espèce de saut dans un inconnu. J’aurais envie d’inverser la parole de Thomas. Ne pas dire : « Je ne crois que ce que je vois », mais dire : « Si tu commences par croire, après, tu verras. » C’est ce que demande Jésus : « Sois croyant, cesse d’être incrédule ».

Une démarche collective

Ce n’est donc pas une affaire d’intelligence, de raisonnement. Il y a une démarche qui est comme une espèce de saut, un choix délibéré, qui engage toute notre personnalité et notre intelligence. Or, cette démarche, je pense profondément qu’elle ne peut pas se faire individuellement. Je crois qu’elle ne peut se faire que soutenue par une communauté. Et que, de même que Thomas a été entouré par ses amis qui avaient vu le Seigneur, de même nous, il nous faut entrer dans la recherche d’une vraie communauté de croyants, pour vivre et exprimer personnellement notre foi de chrétiens.

Disant cela, je fais, bien sûr, référence à notre première lecture de ce dimanche. Trois lignes des Actes des Apôtres, trois lignes qui ont fait rêver tous les hommes de la terre. Trois lignes qui sont à la base de la recherche des grands fondateurs d’ordres religieux, de François d’Assise comme de saint Benoît. Luther lui-même a rêvé de réformer l’Eglise sur la base de ces trois lignes. Et Karl Marx lui-même y voyait la réalisation d’une société communiste idéale. Avez-vous fait attention à ces trois lignes ? « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres » : C’est le premier point. Une parole nous a été transmise. Ceux qui ont vu, qui ont été témoins de l’événement l’ont dit et redit, et plus tard l’ont écrit, pour que cela se transmette. Et il n’y a pas de foi possible sans la lecture de la parole en Eglise. Deuxièmement : « ils étaient, d’autre part, assidus à la prière et au partage du pain. » Entendez par là l’eucharistie telle que nous la célébrons. Toujours cet aspect communautaire. Mais il n’y a pas de communauté de culte s’il n’y a pas, d’abord, le partage, la mise en commun de ce qu’on est, de ce qu’on possède. Communauté de vie, d’esprit, de sentiments, de manières d’être. Et le résultat de cette communion fraternelle, c’est que, premièrement, ils étaient bien vus de tout le peuple. Combien étaient-ils ? Je ne sais pas. Peut-être une centaine. Mais les gens qui vivaient autour, dans leur quartier, dans cette petite ville de Jérusalem, trouvaient qu’ils étaient bien, ces voisins disciples de Jésus. « Regardez comme ils s’aiment ! Comme ils vivent fraternellement. » Et beaucoup désiraient entrer dans cette communauté.

Communauté fraternelle

Tout cela peut nous faire rêver. Pas d’un rêve-évasion, mais pour nous mettre en route, dans la recherche d’une communauté. Certes, il y a des difficultés aujourd’hui. Je ne les ignore pas. Il y a notre individualisme. C’est toute notre éducation actuelle. On ne nous a pas dit :« partage » (sauf au catéchisme); on nous a dit : « défends-toi ». On a appris à vivre « chacun pour soi » dans un monde dur. Quand nous étions enfants, on nous a dit : « C’est pour toi que tu travailles. » On est tous marqués par cet individualisme. On n’a pas tellement le sens communautaire. Il y a une deuxième chose. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, cela n’est pas tellement bien vu, de se dire chrétien ? Les jeunes me le disent, et les adultes aussi, de plus en plus. Un gosse me disait récemment : « Comment peut-on dire qu’on croit en Dieu sans passer pour un imbécile ? » Il n’y a qu’à entendre les réflexions d’animateurs radio ou télé… Alors comment faire pour que nous, aujourd’hui, dans notre cité, nous arrivions à faire communauté. Communauté vivante et fraternelle, communauté d’amour. Visible et bien considérée ? Basée sur l’écoute de la Parole, certes, mais aussi sur le partage.

Et déjà, pour cela, nous reconnaître comme frères, là où nous nous rencontrons, dans la rue, à l’école ou dans notre entreprise. Ne jamais passer indifférent à côté de quelqu’un qui est un frère. Car ce n’est pas ici, dans l’église qui nous rassemble chaque dimanche, que cela se joue d’abord. C’est facile, de se donner la main chaque dimanche et de se souhaiter la paix. Mais s’il n’y a rien pendant les autres jours de la semaine, tout est vain. Je sais bien tout ce qui nous sépare. Nous sommes d’idéologies différentes, nous avons des choix politiques différents. Mais il y a quelque chose de plus profond, de plus important que cela : notre foi en Jésus Christ vivant. Et croire à Jésus vivant, c’est croire à l’amour qu’il est venu vivre avec nous jusqu’à nous donner sa vie d’ici-bas pour gagner la vie éternelle. Et cette foi en Jésus Christ vivant s’exprime, non pas dans des paroles, mais dans des manières de vivre. Nos contemporains sont comme Thomas : ils ne croient que ce qu’ils voient. Mais s’il n’y a rien à voir ? Par contre, si vous les adultes, vous les jeunes, vous cherchez à faire communauté, alors, ils diront comme on disait des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ». Et ils auront envie d’entrer, pour leur bonheur personnel. Pour notre bonheur à tous. C’est tout ce que désire notre Dieu, ce Dieu miséricorde que Jean-Paul deux a voulu mettre à l’honneur en ce deuxième dimanche de Pâques.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article